Critiques
 
 
"Dans Salamanque, c'est le refus total d'engagement du personnage principal, un ex-étudiant de 20 ans, qui pose la question de la fidélité à soi-même. L'emploi exclusif du temps présent rend ce récit essoufflant, comme s'il ne pouvait connaître de fin. On est en pleine suspension du temps, dans une bulle soustraite au passé comme au futur, peuplée de jeunes gens atteints de la frénésie de"crouler sans attendre sous le poids d'heures pleines". "Ceux qui soupèsent la légèreté angoissante du vide" trouvent là peu de place mais suffisamment pour laisser affleurer cruellement la conscience. Au bout du compte, dans le roman de Nicolas Espitalier, cela donnera des adultes qui "en sont sortis à peu près vivants, debout, avec de précieux plâtras d'illusions accrochés à leurs épaules"."
Le Monde, cahier "Le Monde des Livres", 7 mai 2010 (Jean-Louis Aragon)
 
"Dans un style à la fois poétique et visuel, qui suit les mouvements d’une caméra – très espagnol, en fait –, l’auteur nous promène dans cette cité historique à la suite de personnages qui n’ont rien de touristiques. Guillaume, le Français, serveur dans un bar, rêve de s’intégrer en devenant Guillermo. Susana, belle et introvertie, guide les visiteurs le jour devant la cathédrale, puis fait éclater sa révolte. On croise également Demetrianos, le Grec, looser généreux, le cupide Camacho, patron de discothèque, et Svend, le maniaque des chiffres. Un roman sur l’éphémère."
L'Essor Sarladais, 19 mars 2010 (Jean-Luc Aubarbier)
 
"Ce premier roman topographique et sonore peut se lire avec une carte du tendre et du lucide à la fois. Les amours, le rock'n'roll au bord du vide, l'alcool, les lunettes noires la nuit pour frimer, les lignes blanches. Salamanque brûle-t-il ? Oui, les doigts d'un écrivain pour qui la tragédie est l'absence de sens du tragique."
Sud Ouest Dimanche, cahier culture, 7 février 2010 (Joël Raffier)
 
La fête jusqu’à plus soif, la perdition de l’âme et la formation de l’esprit dans les bars de notre si chère et proche péninsule ibérique ont toujours fait partie de l’apprentissage de tout bordelais qui se respecte. Nicolas Espitalier a choisi d’aller jusqu’à Salamanque, pas si loin du Portugal, se darder le cœur des charmes d’une Cité Salmantine rendue cosmopolite par les nouvelles migrations estudiantines de notre vieille Europe.
Il y a du Bloom Joycien dans ce personnage central de ce Guillaume qui se veut désormais Guillermo. Il n’arrive à rien, de la Calle de Toro à la Plaza del Angel en passant par la Calle de San Pablo, si ce n’est à collecter quelques verres et quelques filles et cela suffit à nous agacer autant qu’à nous enchanter. Qui un jour n’a pas réellement lâché prise dans une ville étrangère doit lire ce livre. Qui s’y est retrouvé ivre et sans argent « Ni un puto duro » doit lire et se remémorer les fastes et les dorures de ces instants magiques où l’on n’est plus rien.
Autour de Guillaume-Guillermo, on trouve Susana une « Miss Sinistre » tous feux de détresse allumés, Svend un Viking maniaco-oulipo-compulsif, Camacho l’archétype du patron de discothèque, pomponné et gominé et surtout les personnages secondaires, miniatures littéraires déambulant dans une cité agitée par sa dérégulation post-moderne et ses réflexes archaïques.
Des milliers d’étudiants, pas toujours si jeunes, s’attardent sur une vie d’Hemingway d’opérette, croisent quelques aventuriers des comptoirs ou des pensions, et cela vaut le détour que nous propose Nicolas Espitalier : une visite cartographique de la ville et de ses fantômes, rue par rue, place par place, bar par bar.
Son écriture ressemble à une chronique tauromachique, tortueuse et quelquefois sophistiquée , parsemée de mots espagnols comme si la fête venait d’avoir lieu et qu’elle nous laissait un goût de cendres. L’auteur « pinche » (de pinchar, mixer), enchaîne lenteurs, styles et fulgurances grâce à des saynettes, des dialogues, des remarques, qu’il accroche d’un coup sec à même le mur de nos nuits étrangères.
Villages de Ville, 12 mai 2010 (Joël Zanouy)
 
"Nicolas Espitalier, dans une écriture inspirée qui sonne toujours juste, se joue de Salamanque. A moins que ce ne soit bien plutôt Salamanque qui se joue de lui, l'envoûte, l'attire dans les séductions de ses pièges? Tout semble possible à Salamanque où, avec une chaussure orpheline de taille 37, et la morsure nouvelle d'un piment on réinvente le monde. Mais pas forcément celui qu'on croît... Le charme opère, on s'y laisse perdre volontiers, envoûtés par les facettes multiples de sa lumière."
Aqui !, 12 février 2010 (Anne Duprez)
 
"Un nouvel auteur, généreux, bon vivant, avec du style et de l’entrain, avec une plume qui sait se faire légère pour masquer une belle gravité, un nouvel auteur découvert dans notre ville, peut-être à deux pas de nos rayons, c’est toujours une bonne nouvelle et nous l’accueillons comme telle."
mollat.com, 25 février 2010 (David Vincent)
 
"En écrivant, je n'ai pas pensé à l'Auberge Espagnole. Je voulais évoquer l'Espagne d'aujourd'hui, sans caricature et en étant drôle. C'est aussi un texte sur la mélancolie (...)."
20 Minutes, 16 février 2010, page 16 (Julie Millet)
 
"Il n'est pas interdit de se plonger, comme on s'enivre, sans retenue et avec gourmandise, dans cette histoire chorale parfumée à la pression et aux pintxos. (...) Des vies aimantées par la même force irrésistible : cette tentation hédoniste propre à la prime jeunesse. Les lois de l'attraction en version espagnole, où tous les verbes se conjuguent à la fête. Autant de portraits pour saisir les vertiges et les pulsions, les nuits sans fin, les amours chiennes, le deuil de la frivolité et de l'innocence. Une histoire d'initiation dans un décor tragique, car, au bout du compte, nul n'est dupe des trahisons, de ses renoncements, ni de la fuite du temps."
Let'smotiv, mars 2010 (Porfirio Rubirosa)
 
"Alors, tout est permis, l'amour orgueilleux, les romances éphémères, l'alcool en flot continu, le poids de quoi, une vingtaine d'années, déjà ; le coeur qui semble battre avec les tempes de cette ville, la minuscule Salamanque, temple étudiant magnifique, où l'on se révèle. « Salamanque » raconte une jeunesse, la jeunesse affamée d'amour et de fêtes, sans que ce soit encore un oxymore. (...) Nicolas Espitalier réalise avec « Salamanque » - la comparaison ne lui plaira pas - une réponse mélancolique au film générationnel « L'Auberge espagnole », moins chroniqueur d'une découverte béate, que témoin de la vie qui mord quand on mord la vie. C'est écrit comme on vit là-bas, nerveusement, drôlement, sensiblement."
Sud Ouest, 4 mars 2010 (Adrien Vergnolle)
 
"Voici donc Salamanque ou l'immersion de Guillermo au coeur d'une ville belle et cosmopolite. 
Et parce qu'il faut bien vivre, Guillermo qui est français, débarrasse les verres de la terrasse d'un café ou bien fait le portier à l'entrée d'une boîte de nuit. 
Chez lui, devant ses colocataires, il s'entraîne à faire voler des bouteilles dans le but affiché d'égaler, au moins, le meilleur des barmans de la ville. 
C'est un narrateur omniscient qui commente narquois les progrès de Guillermo puis, par à coup, il oriente le livre du côté de Susana, une jeune fille en colère qui, un soir, excédée, balance sa chaussure contre le mur où chaque jour elle commente aux touristes des détails de l'Histoire. 
Bien sûr, Guillermo et Susanna vont se rencontrer... 
Cependant, la légèreté du propos est trompeuse, Nicolas Espitalier, certes, nous fait part de belles phrases drôles et définitives à l'image des jeunes gens quelque peu éméchés que Guillermo ne cesse de croiser mais, insidieusement, ce roman, et c'est ce qui en fait sa force, détient une intensité jamais démentie y compris, et surtout, lorsque Guillermo et Susanna vont se trouver confrontés à une bifurcation étrange de leur relation qui va soudainement faire vaciller l'ascension de Guillermo. 
Susanna devient alors comme un révélateur négatif de la vie instantanée que Guillermo croit vivre en permanence à Salamanque. 
Entre Hemingway et Hunter Thompson (pas moins !) Nicolas Espitalier s'est creusé une place !" 
Librairie générale - Arcachon (François Boyer)